Entretien avec Florence Dessertine, ingénieure et mère de famille. Dans le cadre du parcours Cap 360°, Florence nous propose sa vision du travail domestique à la lumière de son expérience de travail professionnel. En quelques mots, on redécouvre en quoi ce travail « à la maison », c’est-à-dire les – humbles – tâches du quotidien au sein et au service de la famille sont essentielles, pour le bien de la famille et in fine de la société entière.
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Le travail salarié, gratifiant mais pas que
Lorsque l’on me parle de travail, je pense spontanément à mon travail professionnel au sein d’une grande entreprise. Ce dernier a de nombreux attraits, à mon sens, outre le fait d’apporter un revenu à la famille.
Il est en particulier gratifiant. Tout d’abord parce qu’il permet d’être dans la relation, de rencontrer et d’œuvrer avec des personnes extrêmement variées, de par leur origine, leur formation et leur personnalité. Et intellectuellement, il permet de s’ouvrir à de nouveaux sujets, ce qui est très stimulant. On est poussé à tenter des projets, des aventures, qui nous sortent de notre zone de confort.
Le travail professionnel présente aussi des aspects plus délicats. Au sein d’une grande entreprise, chaque salarié est un maillon dans une chaîne de décision ou d’action, et n’a pas toujours accès à la vision d’ensemble ou à la finalité. Il faut donc accepter de réaliser des tâches non choisies et réciproquement de déléguer dans la confiance. La performance économique de l’entreprise nécessite des arbitrages et des prises de risques. Ce sont pour moi des occasions de questionnements – de doute parfois, afin de donner du sens à mon travail et de placer – à la mesure de mes responsabilités, l’humain au centre.
Quid du “travail” à la maison ?
Dans les faits, il y a aussi une grosse part de travail à réaliser à la maison. Le travail à la maison consiste à prendre soin des membres de la famille. Prendre soin au sens physique du terme, ce qui inclut nourrir, laver, soigner, habiller les enfants. Et au sens spirituel, c’est à dire éduquer, élever et faire en sorte que chacun puisse grandir, en autonomie et dans l’amour.
De façon très concrète, cela passe par le soin apporté à l’environnement de chacun, à la maison, à l’approvisionnement (ménage, courses) et à la préparation de moments de qualité, la logistique des vacances, la préparation matérielle et financière de l’avenir.
J’avoue que certaines tâches peuvent être pénibles car répétitives. C’est tous les jours qu’il faut habiller ses enfants, insister sur les mêmes règles de politesse, nettoyer la cuisine, faire les courses, préparer les repas, etc. Néanmoins, en prenant du recul, ce travail se révèle aussi gratifiant : il oblige à vivre pleinement l’instant présent et à poser des gestes d’amour. Nous éprouvons alors du plaisir dans la tâche à accomplir, comme le soin apporté aux enfants, à la réalisation d’un bon gâteau ou la préparation d’une belle table. Une finalité plus grande existe : celle de participer au bien commun en faisant « pousser » les acteurs et décideurs de demain.