Découvrez les belles de poireaux

4 Mai, 2021 | NATURE & ENVIRONNEMENT

Raphaèle Bernard Bacot, artiste butineuse et auteure de « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif » (Éditions Rue de l’Échiquier), propose, au rythme des saisons, sa chronique potagère. À l’honneur en ce mois de mai : le poireau !

Chacun connaît la silhouette caractéristique des poireaux. Mais qui les connaît sous leur plus beau jour, en pleine floraison ? Si vous souhaitez transformer votre potager en jardin remarquable, pourquoi ne pas les planter au milieu des tulipes et des narcisses ? Avec leurs magnifiques ombelles en forme de globe, ils animeraient bien les parterres printaniers !

D’autant que les fleurs de poireaux, ces fleurs bisannuelles qui apparaissent la deuxième année de culture, produiront des graines pour une génération future de légumes !

Le poireau fait partie de la famille des alliacées, proche parent de l’ail et de l’oignon. Les botanistes s’accordent à trouver son origine dans le poireau des vignes, connu dans le midi, où il se récolte sur les talus. Sa forme sauvage est appréciée des adeptes du potager perpétuel, dont je fais partie. Bien implanté dans un sol drainé et au soleil, il repousse chaque année après cueillette. 

Au dix-neuvième siècle, la région de Rouen s’est taillée une réputation dans l’amélioration du poireau… D’abord le « gros court de Rouen » qui deviendra ensuite « le monstrueux de Carentan », ou le roi des poireaux, puis la sélection se poursuivra avec le « Long de Mézières » « d’Elbeuf », « de Gennevilliers », « de Saint Victor », « Bleu de Solaise », « gros long d’été », « jaune gros du Poitou », tous cités en 1925 dans le catalogue de Vilmorin. Je ne suis pas sûre, cependant, de pouvoir les retrouver au catalogue officiel !

Quand le cultiver ? Il se sème au début du printemps, sous abri, et lorsqu’il atteint entre trois et cinq centimètres – la taille d’un crayon – on peut alors le repiquer délicatement puis le butter. Il aime le sol riche, profond et frais, bien exposé au soleil.

Le poireau demeure la sentinelle des potagers durant l’hiver car il ne craint ni le froid, ni le gel, mais seulement une redoutable petite mouche, la mineuse, venue des confins de Russie.

L’été qui a précédé la parution de mon livre sur le potager du Roi, j’ai ainsi dessiné à la « cérémonie du filet », blanc et à mailles très serrées, il ne fallut pas moins de huit jardiniers pour l’étendre au-dessus d’un carré sans laisser d’interstices où pourrait se glisser la redoutable mineuse du poireau. Le spectacle valait le détour.

Alors ne boudons plus le poireau, qui a gagné ses lettres de noblesse, pas seulement au jardin mais aussi à la table des grands chefs, en particulier les jeunes poireaux, délicieux au printemps. 

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