Cela fait plus de quatre ans qu’Antoine Menard travaille chez makesense dont il est aujourd’hui directeur des ressources humaines et directeur administratif et financier (DAF). Cette association a pour ambition de construire une société inclusive et durable, en redonnant du pouvoir d’agir aux citoyens. Par quoi cela passe-t-il ? La confiance, l’autonomie et la joie de ses salariés. Vous pensez que c’est totalement utopique ? On vous laisse découvrir : vos horizons vont s’élargir !
makesense : construire un monde inclusif et durable
Crée en 2010, l’association makesense a d’abord fonctionné comme une communauté. Elle proposait des “hold-up” – ateliers participatifs destinés à aider les entrepreneurs sociaux à surmonter leurs défis et “braquer des idées”, aidés par des “gangsters” bénévoles.
L’organisation a ensuite pris de l’ampleur et diversifié ses activités : incubation de jeunes structures à impact, missions de conseil et même un fonds d’investissement de 80 millions d’euros pour soutenir des structures dans lesquelles l’équipe de makesense croit.
Aujourd’hui, makesense rassemble 100 salariés et possède des bureaux en France, au Mexique, au Liban et aux Philippines. Sa mission reste inchangée : donner aux salariés et aux organisations les moyens de bâtir le monde de demain, en retrouvant un pouvoir d’action.

Des valeurs fortes au cœur de makesense
Les actions de makesense sont sous-tendues par 5 règles :
- L’expérience dans la vie réelle, parce que tout apprentissage passe par l’action.
- La frugalité, pour optimiser les ressources et minimiser l’impact environnemental.
- La joie d’agir ensemble, la clé d’un environnement motivant et dynamique.
- L’audace d’expérimenter et de contribuer, pour encourager la créativité.
- La curiosité d’apprendre et de comprendre, moteur du progrès collectif.
Par ailleurs, la confiance est un pilier fondamental : “On embauche des adultes, on veut donc les traiter comme des adultes”, résume Antoine Menard. Pas de surveillance, de paperasse inutile, mais une responsabilisation forte qui permet à chacun de prendre des décisions et d’apprendre de ses erreurs.
Une gouvernance participative et sans hiérarchie
makesense fonctionne sans manager : il n’y a pas de hiérarchie entre ses salariés.
Comment font-ils pour prendre des décisions ? Un processus est mis en place. La première étape consiste à poser votre choix si vous êtes sûr de vous. Si vous avez un léger doute, vous sollicitez votre entourage professionnel de façon informelle pour avoir leur avis. Si le doute est plus intense encore, le processus de sollicitation d’avis s’intensifie : vous consultez les personnes concernées par le projet et les experts du sujet avant de prendre une décision.
Ce modèle permet à chacun de s’émanciper ainsi qu’une grande réactivité. Il peut néanmoins surprendre les nouveaux arrivants, souvent habitués à des organisations plus rigides. Mais une fois adoptée, cette gouvernance participative devient un atout puissant. Comme le décrit Antoine Menard : “Ici, nous avons envie que le stagiaire qui vient d’arriver se sente suffisamment libre et responsable pour prendre des décisions importantes. Ça, c’est le premier niveau de confiance.”
Quid des conflits ?
makesense s’attaque aux inévitables conflits de son organisation en proposant à l’ensemble de ses salariés des formations en communication non-violente.
Quand un conflit émerge en dépit de cela, il est possible de faire appel à des médiateurs internes, des salariés qui ont été formés pour être en mesure d’offrir ce service à leurs pairs.
Il peut arriver que le conflit exige de faire appel à des médiateurs externes, pour des questions de neutralité, etc. C’est extrêmement rare que ce type de cas émerge mais cette solution est également proposée.

Les avantages et défis du modèle makesense
L’un des principaux bénéfices de ce mode de fonctionnement est la capacité d’adaptation et d’innovation. Un exemple marquant : au début du confinement, en 2020, l’équipe a dû repenser en urgence son programme d’engagement citoyen. En 48 heures, elle a conçu “Ré-action”, une initiative permettant aux citoyens d’agir face à la crise. Un exploit impensable dans une structure bureaucratique classique ? Certainement.
Cette autonomie laisse la place aux erreurs, qui peuvent parfois être lourdes de conséquences. Ainsi, Antoine Menard raconte comment un simple fichier mal rempli a coûté un appel d’offres de plusieurs milliers d’euros à makesense. Or, plutôt que de trouver et punir le coupable, l’équipe a analysé la situation pour éviter que cela ne se reproduise et, ce faisant, a réussi à établir un partenariat avec le gagnant de l’appel d’offres !
makesense = le futur du travail ?
makesense attire de plus en plus de talents séduits par son mode de fonctionnement. Pour Antoine Menard, l’avenir du travail passe par des modèles plus ouverts et humains ; il encourage donc entreprises et associations : “Prenez des morceaux de notre modèle de gouvernance et testez-les !”.
Le succès de makesense repose sur une idée simple mais puissante : faire confiance aux personnes et leur donner les moyens d’agir. Favoriser la joie et l’autonomie comme source d’engagement. Ce modèle, empreint de responsabilité et de collaboration, pourrait transformer en profondeur le fonctionnement des organisations qui accueillent des salariés. Qu’attendons-nous pour nous en inspirer ?

Aller plus loin sur ce sujet : Les cinq règles vitales du management – François-Joseph Vella