Après un accident nucléaire, la confiance s’effrite. L’extrait (p. 59) ci-dessous, issu de l’ouvrage Les populations locales face aux conséquences à long terme des catastrophes nucléaires : les enseignements de Fukushima et de Tchernobyl, insiste sur l’importance de la gestion de l’information en situation post-accidentelle qui a le pouvoir de générer une communauté soudée et d’enclencher un processus de réhabilitation.
« Le rôle des autorités publiques dans le système de gouvernance doit évoluer alors que la situation post-accidentelle se déploie.
Une reconfiguration progressive du régime de gouvernance devrait répondre aux besoins des acteurs locaux et des professionnels permettant à leurs initiatives de devenir l’énergie première du processus de réhabilitation. Les autorités publiques et leurs experts doivent développer des capacités et compétences de facilitation afin de soutenir les processus sociaux de réhabilitation.
La réhabilitation exige de nouvelles solutions, ce qui signifie que la priorité des politiques de recherche doit être réexaminée.
Les experts impliqués dans les activités de réhabilitation devraient être impliqués dans la nouvelle gouvernance. Les sciences citoyennes devraient également être promues.
Avec l’évolution de la situation post-accidentelle, les acteurs locaux et les communautés doivent construire leur propre évaluation et réunir dans cette perspective une information fiable de nature technique et non-technique. Cela implique le recours à d’autres acteurs informés et compétents (par exemple des médecins ou des professionnels de l’éducation) ayant une expertise pertinente et qui soient en mesure de valider, traduire, contextualiser et donner un sens à l’information technique dans le contexte des acteurs locaux, apportant ainsi une grande valeur ajoutée dès lors que les conditions de confiance mutuelle sont remplies.
L’accès des populations locales à des sources d’information indépendantes ne dédouane en aucun cas les autorités publiques de leur rôle et de leurs devoirs concernant la mise à disposition d’informations fiables auprès de la population dans une situation post-accidentelle. Cela contribue à ouvrir la voie à une reconstruction de la confiance sociale dès que les conditions d’un dialogue entre experts institutionnels et experts non-institutionnels sont réunies. »