Pauline Magdinier est fleuriste à Ambérieu-en-Bugey, dans une jolie boutique Fleurs de thé. En s’installant à son compte, elle a choisi de ne valoriser que la filière horticole française. Elle raconte, avec bonne humeur, et ça donne envie d’offrir des fleurs ! (Mais pas n’importe lesquelles).
Pauline Magdinier, fleuriste : “Suite à un BTS en production horticole, j’ai atterri par hasard chez un fleuriste à Chambéry. Là, ça a été l’illumination ! Je me sentais – enfin – à ma place et me suis dit à moi-même que c’était décidément ce que je voulais faire dans ma vie. Je suis donc fleuriste depuis 25 ans !
Lors de mes études en horticulture, on a fait un incontournable voyage en Hollande ; bien connue pour abriter de somptueux champs de tulipes, ce pays est devenu l’un des plus gros pays exportateurs de plantes. Là, se trouvent des serres tellement immenses que l’on ne peut pas en voir la fin…
Le problème avec l’échelle industrielle, c’est de faire des humains qui y travaillent de simples pions, sans possibilité d’action pour rendre cohérente vie professionnelle et valeurs profondes.
Par ailleurs, les fleurs importées reçoivent parfois des traitements qui ne sont pas autorisés sur le sol européen ; les fleuristes français qui les manipulent se retrouvent en contact direct avec ces substances, parfois toxiques. Des médias – tel qu’Arte – ont révélé qu’il était possible de les retrouver dans les urines des fleuristes ! Inutile de préciser que ce n’était pas quelque chose que j’avais envie de vivre !
Des fleurs françaises à 100 % !
Dans ma boutique Fleurs de thé, je ne travaille donc qu’avec des fleurs et des plantes de filiales françaises ; je me bats pour faire perdurer cette filière qui offre des produits de qualité à faible bilan carbone – puisqu’ils ne font pas des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’ici ! D’ailleurs, mes clients sont extrêmement satisfaits de la qualité, de la longévité et de la beauté de ces fleurs.
Quant à la traçabilité des plantes que je fournis, elle est excellente : je connais tant les noms des producteurs que le transporteur. Je vais parfois même jusqu’à produire moi-même, dans mon jardin, les fleurs que je ne trouve pas sur le marché.
La relation, le cœur du commerce de proximité
Depuis que je suis à mon compte, mon rapport à la clientèle a changé. Les commerces de proximité ont un vrai rôle social à jouer, me semble-t-il. J’ai des personnes qui viennent sans intention d’achat, juste pour pouvoir parler à un autre être humain ; je suis évidemment à leur écoute.
Je suis là pour accompagner les personnes qui passent dans ma boutique ; c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur : garder ce contact, ce lien humain. J’ai l’impression qu’il se perd un peu dans notre société.
Prolonger une démarche éco-responsable aux emballages, etc.
Si j’essaye de rendre plus logiques les choses illogiques – comme importer des roses d’Équateur alors que nous avons des roses magnifiques en France, ce qui me semble aberrant – il me parait nécessaire d’aller le plus loin possible dans cette démarche, sans m’arrêter uniquement à la provenance des fleurs.
Ainsi, dans ma pratique du métier, j’ai fait un certain nombre de choix : ne pas travailler avec des emballages plastiques mais uniquement en papier kraft, fabriquer des choses en détournant des objets plutôt que d’en acheter, offrir mes invendus – soit dans les compositions florales de mes clients, soit à une ancienne stagiaire de spiritualité tamoule, qui fleurit ses morts tous les vendredis -, récupérer mon eau de pluie…
Mon but est d’avoir le moins d’impact possible et de réfléchir aux conséquences que mes actes peuvent avoir.
Les fleurs, éphémères et poétiques
La fleur, c’est du vivant ; c’est éphémère, fragile, beau. Et ça évolue : quand on fait un bouquet, il change au fur et à mesure de la semaine. C’est une belle leçon de vie : il s’agit d’apprécier le moment présent, d’en savourer toute la beauté avant qu’il ne disparaisse.
Ce qui me fascine, dans le monde végétal, c’est que les plantes n’ont ni pied, ni œil, ni nez et, pour autant, elles sont capables d’interagir avec leur environnement humain et non humain. Je pense notamment aux orchidées Ophrys qui se servent du mimétisme et prennent la forme de bourdon pour attirer les pollinisateurs !
Les plantes ont des ressources dont nous n’avons pas conscience…
Alors, mettons du végétal chez nous ! Ajoutons de la couleur dans nos vies ! Ouvrons-nous à la poésie de l’éphémère et de la relation !”
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Découvrez la version Podcast : Offrir des Fleurs en valorisant la filière française : Pauline Magdinier, Fleurs de Thé
Pour aller plus loin sur le sujet, un message d’Alix : offrir des fleurs