Entretien avec Violaine de Cordon, Coach professionnelle certifiée, psychosociologue de jeunes adultes en entreprise, Fondatrice de Sincerelyou. Dans le cadre du parcours de form’action Cap 360°, nous lui avons demandé comment réparer sa vie (rien que ça !).
“Réparer, pour moi, signifie réévaluer sa vie, ses croyances, ses choix.
Prenons l’exemple d’un jeune de 22 ans, étudiant en droit, qui redoublait sa deuxième année. Il venait d’abandonner en raison d’un arrêt médical pour burn out. Il était en grande souffrance. Il ne comprenait pas son échec alors qu’il était si volontaire.
Le droit correspondait à ses valeurs : aider les plus faibles, être utile. En revanche, il avait construit son projet non pas sur ses talents mais sur son handicap. Il était en effet extrêmement dyslexique donc très handicapé pour des épreuves de droit.
En réfléchissant, il a pris conscience qu’il construisait son projet sur son handicap, ce qui rendait la tâche beaucoup plus difficile et plus coûteuse pour lui. Il était dans un tel état physique et mental qu’il ne se voyait pas continuer. Ses parents, qui espéraient une licence, ont finalement accepté qu’il change de voie.
Accepter et réévaluer ses choix
Cet accompagnement a été un temps de déculpabilisation devant cet échec. Il avait fait tout ce qu’il pouvait. Il croyait bien faire, il croyait avoir choisi la voie qui lui convenait mais ça ne marchait pas. L’échec est un temps de réparation pour nous réajuster, pour accepter la réalité, pour accepter que nous ne sommes pas tout puissant.
Accepter la réalité, accepter de bifurquer, de faire le deuil d’un rêve, d’un choix ; accepter de se confronter aux regards des autres ou aux attentes des autres qui espéraient que…La réparation passe par un temps d’acceptation et de réévaluation.
Finalement, s’interroger : au fond de moi qui suis-je ? De quoi ai-je vraiment envie ? Où puis je apporter quelque chose au monde ? Tout le monde peut apporter quelque chose. Ce sont ces réponses qu’il faut aller chercher et mettre en valeur.
Écouter son corps
Pour se réparer, on peut aussi s’appuyer sur quelque chose d’encore peu connu : le soutien de notre corps.
Notre corps nous envoie constamment des signaux, des sensations, pour nous dire si on est heureux, si on est dans quelque chose qui nous convient, ou si, au contraire, on est dans l’effort, la souffrance.
Par exemple, je peux vous parler du coaching pendant des heures, de l’intelligence émotionnelle, qui me passionne et qui est en train de révolutionner profondément les rapports humains, la façon de vivre.
Par contre, si je vous parle de mes facturations, je sèche, je suis tendue, le sujet m’énerve. Ce n‘est pas mon talent et mon corps m’envoie des signaux de crispation. Lorsque je reçois les personnes, au non verbal, à la façon dont elles bougent, qu’elles évoquent un sujet, je vois si c’est quelque chose qui leur convient ou pas, si le choix qu’elle propose leur correspond.
Se réparer, c’est être attentif à cette petite voix intérieure, pas la voix qui nous dénigre mais celle qui est honnête et qui nous dit “ Tu savais que tu n’avais pas assez bossé mais tu es capable de l’avoir quand même” ou bien “ tu voyais bien que ce n’était pas réaliste ce projet, il faut peut être réajuster tes ambitions”.
La réparation passe par ce temps difficile au départ mais finalement merveilleux et combien fécond. Ce temps de réexamen de nos choix, de nos valeurs, ce que l’on souhaite profondément, en étant le plus aligné avec ce que l’on ressent au fond de nous et en étant, si possible, libre par rapport aux regards des autres et aux pressions extérieures.”