Dans le monde entier, les femmes vivent en moyenne l’équivalent de 6 années de règles. Or, ce grand sujet des menstruations est salement tabou dans un grand nombre de sociétés humaines. Nombre de femmes restent ainsi dans l’ignorance sur ce qui se passe dans leur corps et sur ce qui pourrait les aider au quotidien pour gérer la situation. On a décidé qu’il était temps d’en parler !
Les règles : qu’est-ce que c’est ?
Les règles (aussi appelées menstruations ou menstrues) correspondent à l’écoulement périodique et temporaire par le vagin d’un mélange composé de sang, de sécrétions vaginales et de cellules de la paroi utérine.
Cet écoulement correspond à l’évacuation de la couche superficielle de la muqueuse de l’utérus, l’endomètre, qui s’épaissit au cours du cycle menstruel (créant ainsi une sorte de nid douillet pour accueillir un potentiel bébé) et qui est évacué en l’absence de fécondation (quand il n’y a finalement pas de bébé, donc) sous forme d’un saignement plus ou moins abondant, sur une période pouvant durer de trois à dix jours.
Le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 millilitres de sang (l’équivalent d’une tasse à café), mais varie selon les personnes et les cycles.
Un cycle menstruel dure en moyenne 28 jours ; en réalité, chaque corps étant unique avec sa propre mécanique, les cycles peuvent varier de 21 à 35 jours.
Les règles en chiffres
- L’âge moyen des premières règles est 12,5 ans. Aujourd’hui, 90 % des jeunes filles voit apparaître leurs règles entre 11 et 14 ans. Mais à nouveau, chaque corps ayant son rythme propre, il peut arriver qu’une femme ait ses premières règles vers 18 ans : pas d’inquiétude !
En revanche, l’arrivée des règles a tendance à s’opérer de plus en plus tôt, vers 10 ans, à cause, entre autres, des perturbateurs endocriniens liés à la nourriture, la cosmétique, etc. - L’âge moyen de la ménopause en France est de 51 ans (la ménopause est la période de la vie d’une femme marquée par l’arrêt de l’ovulation et la disparition des règles. Les femmes expérimentent souvent alors bouffées de chaleur, fatigue, irritabilité, troubles du sommeil…).
- En moyenne, une femme a ses règles 40 ans dans sa vie (ce qui fait que ça fait donc 6 années pleines en tout !).
- Il existe plus de 5000 expressions dans le monde entier pour parler des règles sans utiliser ce mot (dire à quel point c’est tabou !).
- Le prix moyen des protections, en France, varie de 2€ à 8€.
- Au cours d’une vie, le nombre moyen de protections hygiéniques jetables est de 11 000. On estime qu’une serviette jetable met 500 ans pour se dégrader. Un tampon (fabriqué uniquement avec du coton), met, quant à lui, 350 ans en moyenne.
- Sur la durée de vie d’une Française, le budget moyen alloué à ses protections hygiéniques est de 4000€ et de 8000€ si l’on inclut anti-douleurs, visites médicales, etc.
La précarité menstruelle : un sujet invisible
L’expression « précarité menstruelle » désigne les difficultés économiques à se procurer des produits d’hygiène intime de première nécessité en période de règles.
Il existe des cas où certaines femmes n’ont pas accès à suffisamment de produits et d’autres où elles n’y ont pas accès du tout (ce qui les oblige alors à se tourner vers des produits moins ou pas du tout adaptés du type coton, journal, sable…).
La précarité menstruelle peut conduire à de nombreux troubles physiques plus ou moins graves (mycoses, infections, complications, syndrome du choc toxique…) et psychologiques (sentiment d’humiliation, diminution de l’estime de soi, invisibilisation…).
Ses conséquences sociales sont nombreuses – difficile de sortir de chez soi quand on n’est pas assuré de rester sans tâche jusqu’à son retour. Cela peut engendrer du décrochage scolaire, de l’absentéisme au travail, des difficultés de réinsertion, des inégalités d’opportunités dans tout type de domaine.
Pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, en 2018, une enquête réalisée par Always a montré qu’environ 130 000 jeunes Françaises manquaient l’école à cause de leurs règles, n’ayant pas accès à des protections d’hygiène intime par manque de moyens économiques.
Il semblerait qu’en France, toujours, 4 000 000 femmes souffrent de la précarité menstruelle.
Comment lutter contre ? Le premier point est d’y être sensibilisé, bien sûr et d’en parler autour de soi. Les actions à mettre en place serait peut-être de mettre à disposition des protections gratuites dans les entreprises, par exemple, où dans les endroits où les femmes et jeunes filles concernées pourraient en bénéficier facilement, dans un lieu discret, pour éviter tout sentiment de gêne.
La France finira-t-elle par suivre l’exemple de l’Écosse, premier pays au monde où, depuis novembre 2020, les protections périodiques sont gratuites pour les femmes ?
Les différentes protections hygiéniques
Il existe deux types de protections : les jetables et les réutilisables.
Les jetables :
- Les serviettes hygiéniques (à l’achat, éviter au maximum les serviettes parfumées).
- Les tampons (avec ou sans applicateur), différentes tailles et épaisseurs selon le flux des règles.
À conserver 4h maximum (à éviter, donc, la nuit).
Bon à savoir : les femmes ne perdent pas leur virginité en utilisant un tampon ; le tampon ne peut ni rester coincé dans le vagin ni sortir tout seul. Une ficelle permet de le retirer facilement ; il ne faut pas introduire deux tampons à la suite ; il est possible de se rendre aux toilettes en conservant un tampon
Les réutilisables :
À privilégier à l’achat : la fabrication française, le coton et le certificat OEKO-TEX®, principal label de sécurité pour les produits textiles dans le monde entier.
Vous voulez connaître le degré d’abondance de vos règles ? Savoir si vous êtes dans la moyenne ou si c’est particulièrement abondant (auquel cas, il faudra sans doute aller voir un médecin) ? Pour calculer cela, il existe le Score de Higham qui permet de quantifier la perte de sang pendant les menstrues.
Qui voir pour parler règles
Il y a évidemment les gynécologues, ces médecins spécialisés dans la connaissance du système génital de la femme. Mais il n’est pas toujours très facile d’obtenir rapidement des rendez-vous.
Vous pouvez donc également vous tourner vers des sages-femmes, qui connaissent très bien le sujet, et pour cause ! Ainsi que les infirmières qui seront aussi de très bon conseil.
Alors, Mesdames, n’hésitez plus à parler du sujet ! À bas les tabous !