Après une brutale surdité de l’oreille droite, Xavier Mounier, formateur en Énnéagramme et permaculture, a transformé sa vie. Il nous explique ici le lien entre ces deux facettes si importantes à ses yeux : la connaissance de soi et la démarche de permaculture.
Un parcours qui semblait tout tracé jusqu’à ce que…
Xavier Mounier, formateur Énnéagramme et permaculteur : “J’ai grandi en banlieue parisienne pendant 24 ans. Je voulais initialement être pilote de ligne, mais ça n’était pas ma destinée !
Ne sachant pas trop vers où aller, je me suis retrouvé dans un cycle d’études à Paris Dauphine, en mathématiques et finances. Là, j’étais un peu esseulé : tout le monde était plutôt dans une recherche de comment faire pour la gestion, la finance… Moi, ça ne me parlait pas du tout !
En 5ème année, je me suis retrouvé à La Rochelle, en master management environnemental. À cette époque, en 2006, ça a été une révélation de découvrir qu’il y avait des métiers dans ce domaine-là. À l’issue de ce master, pendant 7 ans, j’ai été responsable commercial dans une structure qui distribuait des systèmes d’économie d’énergie. Je ne cessais de courir, d’aller vite ; je roulais 80 000 km par an ! Et puis, à 30 ans, du jour au lendemain, surdité partielle : j’ai perdu l’oreille droite.
Signal fort : quelque chose n’allait visiblement pas dans ma vie. Je me suis alors réorienté, j’ai voyagé et quand je suis revenu en France, je me suis formé à des outils de connaissance de soi, dont l’Énnéagramme. Coup de cœur !
Si je n’ai plus qu’une oreille aujourd’hui, j’ai pourtant l’impression de mieux savoir écouter. Et je pense que cette démarche de connaissance de soi permet d’aller chercher plus de paix à l’intérieur ; et plus de paix à l’intérieur, c’est plus de paix dans le monde !”
De fil en aiguille, découverte de la permaculture
X. M. : “Un jour, une entreprise parisienne m’a demandé un stage d’Énneagramme, pour la cohésion de leur équipe. Cette entreprise souhaitait que cette expérience ait lieu en contact avec la nature. C’est comme cela que j’ai atterri au Bouchot, en Sologne, un écocentre de permaculture. Je ne connaissais la permaculture qu’à travers mes lectures et Internet. J’ai eu un tel coup de cœur pour le lieu que j’ai demandé à y rester pour faire du woofing. J’y suis resté 9 mois !
Et un jour, l’idée a germé de créer mon propre lieu de permaculture. Sur l’Île de Ré, j’ai un ami qui a un terrain de 5000 m² et ne savait pas quoi en faire. Je lui ai proposé de créer un verger en permaculture. On s’est lancé en juillet 2018 : 6 mois plus tard, 1000 arbres étaient plantés ! Et c’est devenu un lieu pour sensibiliser aux enjeux environnementaux et à la permaculture.”
Quelques mots sur l’Énnéagramme…
X. M. : “L’Énnéagramme est un outil de connaissance de soi qui propose une grille de lecture de la personnalité, avec 9 façons de voir le monde et 9 façons d’interagir avec son environnement.
Pour ma part, j’ai vraiment aimé découvrir la façon dont je fonctionne à l’intérieur et la façon dont l’autre fonctionne. J’étais quelqu’un de très dispersé, qui avait peur de l’enfermement et était toujours en quête de nouveauté. Découvrir cet outil m’a permis de mettre le mettre le doigt sur une partie de moi dont je n’avais pas conscience.
L’Énnéagramme met en lumière des dilemmes auxquels on peut être confronté ; des endroits où l’on perd de l’énergie, où l’on se stresse. Et ça apporte évidemment des pistes pour évoluer vers plus de paix intérieure. Ainsi, des personnes trop perfectionnistes pourront s’orienter vers plus de sérénité ; d’autres trop altruistes apprendront à revenir à eux-mêmes, etc.
Ce qui me plaît dans cet outil, c’est qu’il n’y a pas une formule magique ; tout dépend de notre “famille” d’appartenance, qui permet de savoir ce que je dois développer pour être plus en paix.
Découvrir l’Énnéagramme passe par des stages d’une dizaine de personnes ; chacun part à la découverte de son fonctionnement interne.”
Et sur la permaculture !
X. M. : “Il y a 36 000 définitions de la permaculture. Voici celle qui me parle le plus : c’est une façon de concevoir des projets en s’inspirant de la nature. Les trois grands piliers sont :
- protéger la terre,
- protéger l’humain ,
- partager équitablement.
Quand notre démarche s’inspire de la nature, respecte l’humain, la terre et s’inscrit dans le partage, c’est une démarche de permaculture.
La permaculture peut se déployer dans l’agriculture, l’architecture, la façon de concevoir des projets associatifs, la santé… Tous les domaines sont concernés !
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, il n’y a rien d’autre qui me ressource autant que ces moments où je me retrouve seul dans le silence, au sol, à planter, semer, récolter. C’est l’une des choses qui a le plus de sens dans ma vie actuelle !
Connaissance de soi et permaculture : tout est lié
X. M. : “Il y a mille liens entre l’Énnéagramme et la permaculture.
Ma façon d’arroser une plante peut révéler mes traits de caractère, de personnalité. Par exemple, je peux être trop rigoureux, à toujours arroser ma graine à la même heure. Ou je peux l’arroser trop, ce qui l’empêche de grandir et de devenir autonome : quelques exemples d’excès de tempérament que je peux avoir ! À être peut-être trop altruiste avec les gens ou trop perfectionniste…
Évidemment, des liens comme cela, il y peux en avoir sur chaque geste. Cette façon de s’observer en train de faire du jardinage peut aider à comprendre sa façon de fonctionner dans la vie de tous les jours.
Par ailleurs, le premier principe en permaculture est d’observer avant d’agir. Il est préconisé d’attendre un an avant de se lancer dans un projet, pour observer la nature, la façon dont le lieu fonctionne, le comportement des personnes qui vont porter le projet et la compatibilité de leurs caractères… Dans ce cadre, c’est un véritable atout de se connaître, pour éviter de se lancer dans des projets démesurés ou qui ne sont pas cohérents avec nos valeurs profondes.”
Des conseils pour se lancer en permaculture
X. M. : “Mon conseil pour se lancer dans un projet en permaculture – création d’un verger ou d’un potager, par exemple – c’est de commencer petit. Je vois beaucoup de projets démesurés, où justement les besoins des porteurs de projet, qui ne se connaissent pas forcément bien eux-mêmes, n’ont pas été étudiés ni éclaircis. Il est nécessaire de se projeter dans le futur : un projet a différentes phases -lancement, maintenance… – qui ne nécessitent pas les mêmes qualité. Souvent, à mon sens, l’erreur est de commencer trop grand. Peut-être faut-il faire de 2 à 10 fois plus petit que ce que l’on avait prévu, mais 10 fois mieux ! Et il sera toujours temps de s’agrandir !”
Cultiver à petite échelle avec la micro-ferme