PMA Ecologique ?

20 Mar, 2013 | MÉDECINE, SCIENCES

procreation-bioDès l’école maternelle, le petit citoyen apprend à ne pas laisser couler l’eau, à ne pas faire de mal aux arbres et à trier les déchets. Tout petit, il sait déjà que, s’il ne respecte pas la nature, il se condamne lui-même et ses semblables à de multiples maux voire à une mort certaine.
Cependant, cette mobilisation de la société en faveur de l’environnement risque bien de passer à côté de l’essentiel si, dans le même temps, elle adopte à l’égard de la nature humaine et de ses exigences une désinvolture qui, replacée dans une perspective écologique, ne peut rien augurer de bon !

L’ASSISTANCE MÉDICALE A LA PROCRÉATION HUMAINE

La procréation humaine est le domaine par excellence où le progrès technologique semble permettre à l’homme de s’affranchir de sa nature

La procréation humaine est le domaine par excellence où le progrès technologique semble permettre à l’homme de s’affranchir de sa nature, puisque l’assistance médicale à la procréation (AMP) permet la procréation en dehors du processus naturel, c’est-à-dire en dehors de l’union sexuelle de l’homme et de la femme.

La loi réserve ces techniques aux couples formés d’un homme et d’une femme, vivants, et en âge de procréer (art. L. 2141-2 al. 3 du code de la santé publique). En effet, l’infertilité d’une personne seule, ou en couple avec une personne de même sexe, ou ayant passé l’âge de la procréation ou, encore, décédée, n’a rien de pathologique. Elle est normale. Les exigences légales n’ont ainsi rien d’arbitraire, elles sont le relai des exigences de la nature pour la procréation. La loi garantit à l’enfant issu de l’AMP une filiation vraisemblable, indispensable pour que la dimension symbolique de la filiation puisse se mettre en place, c’est-à-dire pour que l’enfant puisse se penser comme issu de ses parents.

Pour autant, l’assistance médicale à la procréation suscite des désirs que la nature se chargeait de rendre illusoires : en particulier, elle permet de remplacer le partenaire de sexe différent, jugé par certains trop encombrant, par un donneur anonyme. Les premiers intéressés sont les personnes seules ou en couple avec une personne de même sexe mais, en réalité, cela concerne n’importe qui désire un enfant.

LA NATURE A SES LOIS

En effet, c’est la nature qui exige, pour la conception d’un enfant, deux parents, de sexe opposé, vivants et en âge de procréer : faire fi des conditions naturelles suppose de mettre la technique à la disposition de n’importe qui, car qui s’érigera en juge de la légitimité de tel projet parental ? Pourquoi exiger des demandeurs qu’ils soient en âge de procréer ? Une femme de 60 ans est aussi capable d’élever un enfant qu’une jeune femme sans expérience et absorbée par un emploi prenant. Pourquoi exiger encore qu’ils soient « deux » ? Le projet parental à trois ou quatre aurait-il donc moins de valeur que celui mené par deux personnes ? Pourquoi exiger enfin qu’ils soient vivants ? Toute condition sera immédiatement contestée comme ce qu’elle est, arbitraire. La nature apparaît alors non seulement comme un « garde-fou », mais comme l’instance à même de fonder la norme objective et, en tant que telle, admissible par tous.

L’expérience la plus immédiate permet de saisir que la nature humaine a ses lois. Que cela lui plaise ou non, l’être humain doit respirer, manger, boire et dormir, pour ne citer que les exigences les plus évidentes. Certes, l’être humain ne suit pas sa nature aveuglément comme les animaux. Il ne suit pas son instinct mais exerce sa liberté. En conséquence de quoi il a, dans une certaine mesure, la possibilité de s’affranchir des lois de sa nature, mais a-t-il intérêt à le faire ? Certains dégâts sont moins visibles et moins immédiats que les dégâts purement physiques, mais peuvent-ils pour autant être niés ?

Lorsque l’assistance médicale à la procréation est réclamée pour passer outre la nature, le droit n’est plus seulement sollicité pour accompagner des situations existantes, mais pour permettre de susciter des situations, de les provoquer. La société doit faire preuve de discernement car il est tout à fait différent, par exemple, de remédier au préjudice subi par un enfant privé de sa filiation biologique en lui donnant une famille adoptive, et de provoquer délibérément la conception d’un enfant privé d’une branche de sa filiation pour pouvoir être adopté par un deuxième homme ou une deuxième femme, autrement dit de fabriquer un enfant adoptable.
A l’école de l’écologie de la personne humaine, le droit trouve son critère de discernement objectif et, avec lui, sa crédibilité car une règle arbitraire ne convainc pas, alors qu’une règle objective est de nature à emporter l’adhésion. N’aurions-nous donc pas tout intérêt à rechercher objectivité et discernement auprès de Dame Nature ?

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