Chaque mois, la maison des bouquins présente son coup de cœur lecture. Ce mois-ci, il s’agit de Première Dame, quatrième livre de Caroline Lunoir, avocate pénaliste, paru aux éditions Actes Sud.
"Première dame est un roman féroce, servi par une narration implacable où se mêlent la comédie du pouvoir, le jeu des apparences, le cynisme de tous les acteurs concernés et le travail d'introspection d'une femme dans la tempête."
L’HISTOIRE
Marie, Paul et leurs enfants forment une famille classique et pleine d’idéal… Paul décide de se présenter aux élections présidentielles et pour commencer, de remporter les primaires de son parti. Il faut dire que Paul aime la France, a une noble idée de sa grandeur et de ce qu’il faut faire pour la rétablir. Bien sûr, Marie, qui a abandonné une carrière prometteuse pour élever leurs enfants soutient complètement son mari ! D’ailleurs elle commence un journal afin de se souvenir de ces deux années qui promettent d’être si enthousiasmantes, si riches, et si enrichissantes !
AAAaahhh ça, enrichissantes, elles vont l’être. Mais pas à proprement parler comme Marie le pensait….
L’AVIS D’ANNE
“Caroline Lunoir a brassé plusieurs hommes politiques, plusieurs périodes, mixé les ingrédients et nous cuisine avec ça une tambouille alléchante pour qui aime la sauce piquante….
Forcément on a des références en tête au fur et à mesure qu’on avance dans le livre, mais voyez-vous, on aura beau dire, beau faire, l’amour vaincra toujours. C’est ça qui est bien.”
EXTRAIT
« Lundi 24 avril
Paul m’a annoncé hier qu’il serait candidat à la primaire du parti pour l’élection présidentielle.
Je le savais déjà. Des nuits passées à le sentir se retourner, compter ses soutiens, préparer des phrases, se rappeler les propos des uns, les piques des autres. Des nuits de sueur, d’excitation et d’insomnie. Des nuits à caler son angoisse dans l’étau de mes bras. Des heures à l’emmailloter de ma tendresse pour qu’il s’apaise.
Je savais qu’il ne pourrait pas renoncer. Chaque fois qu’il s’est frotté à une ambition, il a relevé le défi, de peur de refuser un combat, de ne pas être celui qu’il veut. Et il était revenu surexcité de son déjeuner avec Marc T., jeudi dernier.
Il a posé ses mains sur mes épaules. Alors j’ai su. Je suis restée silencieuse pour le laisser goûter ce moment comme il l’avait imaginé.
— Trésor, je… j’ai décidé d’y aller. Je me présente à la primaire…
Son souffle, ses mains sur mon cou, la chaleur de son exaltation.
— Si, bien sûr, tu me soutiens.
J’ai posé mes mains sur les siennes et il m’a serrée dans ses bras. Sans un mot. Nous étions heureux, soudés, confiants, prêts à monter ensemble au front. Notre étreinte de lutteurs.
Plus tard, alors qu’il répondait à ses messages, j’ai posé ma tête sur son oreiller, ajusté ses lunettes qui tombent toujours sur son nez et je lui ai demandé :
— Quand est-ce que tu vas le dire aux enfants ?
Il a souri.
— Je pensais ce week-end, à C., quand ils viendront pour le pont du 1er Mai.
Son téléphone a encore vibré. J’ai éteint ma lampe de chevet et essayé d’imaginer la tête que vous feriez.”
Sources :