Prunes d’enfance #ChroniquePotagère

15 Juil, 2022 | AGRICULTURE, CONSOMMATION

Raphaèle Bernard-Bacot, artiste butineuse, propose sa chronique potagère au fil des saisons. En ce mois de juillet, elle nous plonge dans la belle histoire du fruit qui a bercé les vacances de son enfance : la prune.

Grimper pour se régaler !

Jaunes ou dorées ou jaunes pigmentées de rouge ou jaunes à peine verdies ou encore bleues aux reflets mauves, la gamme de couleurs des prunes est très subtile ! Depuis l’antiquité, les gourmands de tout âge, comme ici dans le verger de l’abbaye de Port-Royal des Champs, grimpent aux branches de pruniers pour cueillir leurs fruits. Prendre soin d’éviter la chute qui pourrait être fatale tant pour les grimpeurs que pour les prunes ! En effet, ramassées au sol, elles ne se conserveront plus et il faudra alors les déguster le jour même. Revenir du verger un panier de prunes à la main et la bouche pleine ne fait-il pas partie des souvenirs d’enfance de nos grandes vacances ? Mais on oublie souvent que les prunes ont beaucoup voyagé avant d’arriver dans nos vergers français.

Celles qui ne comptent pas pour des prunes

Certaines proviennent du Caucase, de la Perse septentrionale et ou encore des Balkans. Quant au « pruneau », c’est au moyen âge qu’il fait son apparition. Il fut rapporté par les croisés en 1148. Après une véritable débâcle devant la ville de Damas où poussaient de nombreux pruniers, les Croisés s’en revinrent avec ces fruits, alors inconnus. Faute d’avoir délivré le tombeau du Christ, ils introduisirent les prunes violettes en Europe : les prunes de Damas. On raconta alors qu’ils s’étaient battus… « pour des prunes » !

En effet, la prune d’Ente ou prune de Damas fait partie des quatre catégories de prunes anciennes. Son fruit de taille moyenne, orange à rouge violacé, à chair fine et juteuse, donne le fameux pruneau d’Agen, mûr fin août. Pour bénéficier du label de l‘IGP (Indication Géographique Protégée), elle doit être récoltée dans le bassin de production qui s’étend sur six départements du Sud-Ouest : le Lot-et-Garonne, la Dordogne, la Gironde, le Tarn-et-Garonne, le Gers et le Lot.

Il existe même des prunes reines

La deuxième catégorie de prunes, de couleur jaune cette fois, se nomme “La reine Claude” en hommage à la première épouse de François 1er qui en raffolait. Il s’agissait d’un cadeau de Soliman le Magnifique, confié ensuite à l’Abbaye de Cluny. Ces grosses prunes jaunes se rencontrent fréquemment du sud-ouest jusqu’au Val de Loire où le climat leurs convient bien. Très gouteuses, elles se récoltent en août et en septembre. 

Ronde et dorée, la meilleure en bouche

La troisième variété de prunes ou “Mirabelle de Nancy“est une jolie petite prune ronde jaune doré, parfois piquée de rouge, très sucrée. C’est l’une des meilleures prunes de bouche. Elle arrive à maturité entre fin juillet et début août

Quetsche et eau de vie*

Enfin la quatrième famille de Prune ou “Quetsche d’Alsace” offre une couleur violet foncé et se reconnait facilement à sa forme oblongue. Comme l’arbre fleurit tard, il est bien adapté aux régions froides ou humides et mûrit dès la mi-août jusqu’en octobre. Et si elle est particulièrement appréciée en Suisse, nos voisins Alsaciens, Lorrains, Allemands ou Autrichiens en sont aussi très friands, notamment sous forme d’eau-de-vie !

Parlons plantation

Si vous souhaitez planter un prunier et obtenir de belles prunes, ces trois variétés auto fertiles sont recommandées : le Prunier d’Ente, le Mirabellier de Nancy ou encore le Quetsche d’Alsace. Pour les autres, il est important de stimuler la pollinisation en mélangeant les variétés. 

Au fait, savez-vous comment s’appelle ce petit voile blanc qui recouvre la prune ? Réponse : la pruine ! En effet, la prune n’a rien trouvé de mieux que de se servir de sa « pruine » comme écran solaire, elle agit comme une sorte de bouclier de cire naturelle. Car les pruniers, comme nous tous, apprécient les situations plutôt ensoleillées, et le goût des prunes ou des pruneaux est un très bon moyen de s’en souvenir pendant tout le reste de l’année.


Retrouvez la chronique de juin 2022, sur le petit pois.

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