Par Tugdual Derville, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, auteur de Nouvelles recettes de bonheur – 71 actions d’écologie humaine.
“Il fait froid, sans plus. Bien couvert, je marche dans ce chemin forestier derrière l’homme du cru. C’est son territoire, il connait ses mille recoins. Nez droit dans le sens de son pas, nez rougi par la vie en plein air, en silence, il ne manifeste aucune excitation, alors que je regarde partout. Soudain, mon guide s’arrête, lève sa truffe et emplit ses poumons. Son œil s’allume : « Un renard ! Je sens un renard. Et il n’est pas loin. » Je renifle illico : rien ! La bouffée s’est-elle évaporée ? Mon nez est-il trop pauvre ?
Une heure plus tard, je suis seul, dans le même coin, quand un bruit de broussailles à quelques mètres me fait sursauter. Le silence est déjà revenu. Comme je m’avance dans le roncier, c’est comme un coup de tonnerre… olfactif. À proximité du bauge d’un sanglier enfui, dont je n’ai rien vu, vient de passer devant mes narines un nuage fugace et invisible, épaisse senteur de bête qui atteste sa présence, délicieuse fragrance, quoiqu’à ne pas mettre dans un flacon de parfum. J’ai senti ! J’ai donc un nez, niveau 1.
Cette expérience m’a fait transposer aux sens l’équilibrage que nous préconisons au sein du Courant pour une écologie humaine, entre nos cinq dimensions : corporelle, psychique, relationnelle, intellectuelle et spirituelle. Qu’en est-il en effet de nos cinq sens ? Il parait que le nez d’un être humain est plus fort que celui d’un chien quand il s’agit de distinguer… deux vins !
Autrefois, à la fin de séjours d’À Bras Ouverts, mon petit nez, pouvait m’aider à trier « à l’odeur » les effets des enfants porteurs de handicaps dont nous ne savions plus le propriétaire. L’odorat n’est pas le seul sens à défendre.
Que chacun ait conscience des « angles morts » de ses cinq sens laissés en jachère, à explorer, découvrir, cultiver : vue, ouïe, toucher, goût, odorat… Il faudrait peut-être ajouter le sens spirituel, qui se perd aussi.
Quoi qu’il en soit, cette lettre est une invitation à affuter tous nos sens, pour tirer le meilleur de la vie. Mais pour cela, nous avons tous besoin de nous laisser guider… Bienvenue !”