L’automne bat son plein ; le jardin se vide lentement de ses derniers légumes, sur le point d’être récoltés. Caroline Martin finit de déterrer l’un des plus importants pour assurer sa résilience alimentaire : la pomme de terre. Elle raconte.
Caroline Martin : “En ce moment, au jardin, je ramasse mes dernières pommes de terre. Je ne les récolte pas d’un seul coup et je ne me presse jamais pour le faire. J’en ai même déjà ramassé jusqu’en novembre.
Récolte tardive des pommes de terre : et s’il gèle ?
Je n’ai jamais vu de très fortes gelées qui glacent les sols avant décembre, en France ; d’ailleurs, de nos jours, même en hiver, il y a peu d’endroits dans l’Hexagone où le sol gèle et reste gelé pendant plusieurs jours ou semaines – la montagne mise à part. Quand j’étais jeune, ça pouvait arriver en Sologne à partir de décembre, mais maintenant, ça n’est plus le cas… (Autre preuve, s’il en fallait, de la réalité du changement climatique).
Récolte des pommes de terre : et s’il pleut ?
Si je ne m’inquiète pas de la température, je fais en revanche attention aux précipitations : s’il commence à
pleuvoir abondamment, je dois me dépêcher de récolter pour éviter le pourrissement de mes pommes de terre dans le sol.
En dehors de cette contrainte, j’ai tout mon temps !
Alors ? Quand récolter ?
En fait, je ramasse mes pommes de terre comme je les plante. Je commence à en planter le 19 mars – c’est une date dont je me souviens facilement – et je continue cette plantation jusqu’à fin mai.
Les plantes bénéficient ainsi des pluies de printemps, à différents moments de la pousse, ce qui peut être
un avantage, surtout s’il ne pleut pas beaucoup, ou trop d’un coup.
Je commence souvent à arracher mes pommes de terre du sol fin juin ou en juillet, en fonction de ce qui me reste de la récolte précédente.
Comment stocker la pomme de terre récoltée ?
Je n’ai pas de lieu de stockage très frais en été, alors je laisse les pommes de terre dans le sol jusqu’à ce que j’en ai besoin ou que le temps se rafraîchisse. Je n’ai aucun problème de stockage par la suite en procédant ainsi.
Certaines personnes, autour de moi, arrachent toutes leurs pommes de terre avant la mi-juillet ; elles se
plaignent ensuite de voir pourrir leur récolte. En Sologne, très peu de personnes ont des caves ; ça n’est donc pas facile, en plein été particulièrement, de conserver ses légumes dans un endroit bien frais.
Pas de gâchis !
Mes seuls soucis sont les larves de hannetons, les courtilières et quelques maladies.
Il peut m’arriver de ramasser des pommes de terre qui sont un peu grignotées par quelques animaux ; elles se conservent très bien malgré tout et je m’en sers principalement pour faire de la purée.
J’en ai aussi toujours quelques-unes qui ont un peu de gale commune sur la peau. En les laissant bien sécher, elles se conservent très bien aussi. Je dois juste enlever un peu plus de peau quand je les épluche.
Une chose est sûre : je ne jette jamais de pommes de terre pour une raison ou une autre. Même les toutes petites sont cuites en hiver, sur le coin de la cuisinière à bois, pour les poules.
Je suis contre le gaspillage et ça commence chez moi, dans mon jardin, dans ma cuisine.
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Alors que la majorité des jardiniers plantent directement les pommes de terre dans le jardin, il est aussi possible de les faire pousser dans des contenants assez grands pour que les nouvelles tubercules se développent correctement. On peut ainsi faire quelques plants, même sur un balcon. Par contre cette méthode peut être gourmande en eau car les plantes ont besoin d’un arrosage plus régulier vu que la terre dans le pot sèche plus vite que celle du jardin.
Il est aussi possible de ne pas planter les pommes de terre, mais de les disposer sur le sol et de les recouvrir de compost, mais il faut beaucoup de compost pour avoir une belle production qui pourra être mangée pendant plusieurs mois, voire une année complète jusqu’à la prochaine récolte.
De la même manière, on peut poser les tubercules sur la pelouse, par exemple, en les recouvrant d’une couche d’herbe de tonte. On peut rajouter de l’herbe si nécessaire pour que les nouvelles tubercules soient bien cachées de la lumière. Car – petit rappel – les pommes de terre qui poussent exposées à la lumière vont verdir : cela les rend toxiques, donc immangeables ! L’inconvénient de cette méthode – comme celle avec du compost – est qu’elle demande beaucoup d’herbe de tonte.
Dernière méthode possible : les recouvrir de paille.
En utilisant une combinaison de ces trois méthodes, il est parfaitement envisageable d’avoir une belle et grande production de pommes de terre, sachant qu’il est possible d’en replanter jusqu’au mois d’août, selon la région dans laquelle on vit, après avoir déterré les premières plantées.
Trucs et astuces du printemps
Toutes les pommes de terre qui commencent à germer au printemps peuvent être plantées, même celles qui sont utilisées pour la consommation.
Si on a une grosse pomme de terre avec plusieurs pousses, elle peut être coupée en morceaux (avec au moins un germe par morceau) qui seront plantés séparément et qui produiront tous de nouvelles pommes de terre.
On peut même planter des épluchures qui pourront donner une petite récolte ; seul point d’attention : il faut les planter rapidement pour ne pas qu’elles sèchent trop.
La pomme de terre ? C’est magique à faire pousser !”
À propos de l’auteur
Fille de paysans solognots, Caroline Martin grandit avec le goût des légumes qui ont pris le temps de pousser au potager familial. Après 20 ans en Grande-Bretagne, l’envie de vivre différemment, près de la nature, la ramène dans sa région natale. Elle s’y installe avec son mari et décide de prendre le contrôle de son alimentation en faisant un jardin potager. Depuis septembre 2022, elle propose régulièrement des conseils et des réflexions de saison pour diffuser les bonnes pratiques de jardinage sur le site du Courant pour une écologie humaine.
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