Rester vivants #GuerreSanitaire

2 Avr, 2020 | TÉMOIGNAGES, TERRITOIRES VIVANTS

Jean-Philippe Lajambe est entrepreneur et membre du comité de déploiement du Courant pour une écologie humaine. Il nous livre sa réflexion sur la situation actuelle.

Couverture de l’album “Crisis? What crisis?” de Supertramp, 1975

En cette période de confinement, beaucoup sont surchargés de travail. Je pense à S., manager en grande surface, tenaillé de stress : peur de tomber malade, peur de contaminer ses proches… Je pense à Caroline et Chantal, caissières, qui subissent la tension des clients paniqués ; je pense à Émilie et Pascal, étudiants en médecine qui sont au front de cette guerre sanitaire, sans arme aucune (masques, combinaisons) et à Christophe, médecin généraliste, qui a bricolé masque et combinaison avec les moyens du bord ; je pense à Rémi, à la tête d’un Ephad, qui s’attriste de voir ses patients et leurs familles isolés, sans visite… tous, maillons essentiels. À tous, restez vivants ! Tâchons ensemble de juguler cette violente crise sanitaire .

Une terrible crise économique se présente : des entrepreneurs piégés, qui subissent l’injonction paradoxale de travailler, faire travailler leurs salariés dont ils sont responsables en termes de santé au travail et de rester chez eux. Je pense à Max et aux autres ferrailleurs, artisans, commerçants, restaurateurs, producteurs, agriculteurs, horticulteurs qui se demandent comment ils pourront rester vivants économiquement. À tous ces entrepreneurs qui ont investi âme, énergie et économies personnelles et qui ne bénéficient pas du chômage partiel. Ceux-ci vont chercher des solutions avec les 1500 euros de l’État qui doivent couvrir leurs pertes d’exploitation et les rémunérer… Ils n’auront d’autre solution que de s’endetter, à nouveau, pour s’en sortir. Ils devront alors être agiles, décrypter et anticiper cette crise économique violente, où tous les scénarios vont être présentés : scénario catastrophe d’un impératif de sécurité qui peut conduire à plus de surveillance, de contrôle social et d’inégalités ; utopie naïve d’une décroissance heureuse avec un retour au réel et au bon sens ; financiarisation accrue de la société et amplification de l’individualisme ; retour aux communs et à l’écologie humaine…

Ce qui est sûr , c’est que nos relations, notre façon de vivre, de travailler vont changer. Qui gagnera, qui sera perdant ? Nous ne le savons pas mais rien ne reviendra à la “normale”.

À tous, restez vivants.

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance