Le confinement a été un révélateur : avec qui je choisis de le passer, dans quelles conditions. Nombreuses sont les conclusions que l’on peut en tirer, Tugdual Derville, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, fait le point.
Des historiens sont déjà en quête de souvenirs du confinement pour en garder la trace. Mais chacun d’entre nous peut déjà revisiter la séquence exceptionnelle qu’il vient de vivre.
Pour beaucoup, le confinement a été un révélateur. Chacun a dû se réfugier. Mais où ? Et avec qui ? Raconte-moi ton refuge, je te dirai où tu en es. D’abord le refuge est un lieu. Notre domicile était-il approprié ? Habiter vraiment quelque part, c’est s’enraciner. Mais le lieu choisi – ou subi – était-il adapté ? Ayant gouté au télétravail et manqué de nature, bien de citadins caressent l’idée de s’installer au vert. Sans compter ceux que ce temps de réclusion a fait réfléchir à une réorientation professionnelle.
Notre refuge, c’est aussi quelqu’un ou quelques-uns. Chacun a pu noter ceux qui comptent, ceux dont il s’est senti responsable, même à distance. Beaucoup de jeunes adultes ont débarqué chez leurs parents, mais certains parents eurent la surprises de voir leur grand-enfant se réfugier pendant deux mois avec quelqu’un – qui avait visiblement beaucoup d’importance pour lui. Le confinement fut un révélateur d’amour – ou de désamour. À sa pauvre épouse, un homme a révélé qu’il partait se confiner avec… une autre femme. Horreur ! Mais, bien souvent, la famille la plus proche s’est imposée comme la valeur refuge évidente, et efficace.
Hélas, parmi les personnes âgées ou célibataires, ou les mères seules, tant ont subi de plein fouet l’isolement quand d’autres bénéficiaient de la solidarité de leurs proches ! Nous devrions nous rendre à l’évidence : nous ne pouvons plus prétendre externaliser l’amour, la tendresse, la solidarité. À tous les étages de la société, cette crise donne l’opportunité de distinguer l’essentiel de l’accessoire. C’est le moment de faire la liste de ce qui tient vraiment à cœur, de réviser les priorités, d’opérer des mutations. Je formule ce souhait pour le gouvernement. Avant la Covid-19, il serrait le budget de l’hôpital, tout en affirmant qu’on pouvait financer avec l’argent de la sécurité sociale une procréation artificielle donnant droit à des femmes seules d’enfanter des enfants sans père. Malgré la pression de quelques-unes, est-il vraiment décent que l’on puisse détourner les moyens de l’assurance maladie pour financer une revendication individuelle sans rapport avec une quelconque maladie, et qui ignore les repères dont le confinement a montré la valeur ? Une réponse de bon sens s’impose : la révision de la loi bioéthique aussi doit être révisée.
Source de l’interview : édito du 22/05/2020 de Tugdual Derville sur RCF