Philippe Royer, auteur de S‘engager pour le bien commun, nous invite à devenir les acteurs d’un monde plus juste et plus respectueux de l’environnement. Ci-dessous, il explique la différence entre l’intérêt général et le bien commun et raconte comment il s’est lui-même concrètement mis au service du bien commun.
S’engager vers le bien commun, c’est honorer cette intuition qu’il y a peut être quelque chose à faire, y compris si le sujet peut a priori nous dépasser.
Bien commun vs intérêt général
Philippe Royer : “Le bien commun est souvent confondu avec l’intérêt général. Il suffit de comparer les deux pour comprendre la différence.
Au nom de l’intérêt général – ce que l’on fait depuis une cinquantaine d’années – on s’attache à prendre les meilleures décisions (ou les moins mauvaises), conscient qu’elles vont potentiellement générer des effets négatifs sur la planète, l’exclusion, etc. On estime toutefois que ces effets négatifs doivent être acceptés parce que l’on a fait de notre mieux.
Quand on parle de bien commun, on parle d’économie systémique, d’économie circulaire. Et à chaque prise de décision, on va réfléchir à la vision qui la sous-tend afin d’en prendre en compte toutes les composantes et les impacts, tant sur l’environnement que sur la dignité de chaque personne.
Si UNE personne ne s’y retrouve pas, on doit être interpellé pour remettre en mouvement la dynamique. Tout le monde doit être à bord !
Cette notion de bien commun rejoint la notion de la vie bonne pour tous et pour chacun, personne par personne.
Bien commun : mettre concrètement “les mains dans le cambouis”
P. R : En 2014, j’ai vécu un histoire qui m’a fait concrètement agir pour le bien commun. Il s’agit de la reprise de la librairie à Laval. Je terminais mon mandat de vice-président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), lors duquel je m’étais attaché à déployer la notion de bien commun. J’avais sillonné la France en tout sens en proclamant qu’il fallait s’emparer de cette économie du bien commun et s’engager pour le bien commun… Mais sur quel sujet exactement ?
Et voilà que je suis interpellé par un ami qui m’alerte sur le fait que la librairie de notre ville tombait en liquidation judiciaire. Un mois plus tard, si aucun repreneur ne se manifestait, il n’y avait plus de librairie et 17 salariés perdaient leur emploi. Or, la librairie de Laval, c’est le poumon culturel de la ville, en plein centre-ville…
Et là, on a eu la folie d’oser rencontrer les salariés et de leur demander ce que, selon eux, il était possible pour sauver la librairie…
S’engager vers le bien commun, c’est honorer cette intuition qu’il y a peut être quelque chose à faire, y compris si le sujet peut a priori nous dépasser.
Il se trouve qu’après trois séances de travail, les salariés m’ont dit : « ce projet de reprise, on sait qu’on peut y arriver. Mais il faut que ce soit avec vous ».
Je me suis là retrouvé face à mes responsabilités et à ma cohérence de vie. Après avoir posé des paroles pendant 4 ans pour inviter tout un chacun à s’engager pour le bien commun, l’occasion m’était présenté de m’y engager concrètement. Allais-je effectivement investir mes économies pour les mettre au service du bien commun ?
Et comme je n’avais pas envie d’être ce jeune homme riche triste de l’Évangile, moi qui aime la joie et la paix, j’ai investi dans le projet… Et je me suis retrouvé embarqué dans une belle aventure !”
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