Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient !

16 Août, 2022 | FAMILLE, SOLIDARITÉS & SOCIÉTÉ, TÉMOIGNAGES

Xavier Cail, Directeur de Pleins talents, rappelle en quoi l’engagement est vital pour notre société et pour l’être humain, plus particulièrement. Il nous invite à nous engager toujours mieux !

Xavier Cail, Directeur de Pleins Talents : L’engagement est toujours une pierre d’achoppement. On ne va pas forcément le ressentir dans les actes posés au quotidien. Mais sur des engagements plus importants, l’engagement de soi touche à l’angoisse existentielle, angoisse que nous connaissons tous, à divers degrés. Elle se traduit par des questionnements tels que : suis-je aimé ? Suis-je aimable ? Suis-je utile ? Qui suis-je ?

On passe sa vie à chercher – et, progressivement, à trouver – des réponses à ces questions vitales. Et au moment de l’engagement de soi, cette angoisse existentielle remonte à la surface. Il faut arriver à la mettre en face de soi, à la regarder dans le blanc des yeux et à la dépasser.

Pour franchir ce cap, deux solutions s’offrent à nous :

  1. Regarder le bien vers le quel on va. Prendre conscience de ce bien supérieur car c’est lui qui nous attire et nous donne la force de faire ce qui convient.
  2. Faire de petits pas. Cela implique un acte de foi. Je ne sais pas forcément quel va être le deuxième pas, mais c’est dans cette incertitude que je dois poser un premier pas. Il faut avoir cette humilité de se dire je ne me sens pas à la hauteur. C’est normal. Mais si je refuse l’acte de foi, il n’y a aucun engagement possible.


L’engagement, trame de la vie en société

X. C. : Le point de départ de l’engagement se trouve dans son étymologie : se mettre en gage. Qu’il s’agisse du couple ou de la vie professionnelle, l’engagement suppose d’engager toute sa personne – son héritage, ses talents, son désir ; de faire un don de soi.

L’engagement est extrêmement important tant pour soi que pour l’autre. L’homme ne peut vivre seul. Il a absolument besoin des engagements des autres pour vivre sereinement. J’ai besoin qu’un enseignant s’engage pour m’apprendre, qu’un patron s’engage pour me permettre de travailler à sa suite, que des bâtisseurs s’engage pour me permettre d’habiter dans des bâtiments solides et plaisants. Je ne suis pas capable de faire seul ce travail.

La société est tissée par ces engagements, ces liens sociaux et complémentaires qui nous unissent.

Engager ce qui fonde mon identité

X.C. : L’engagement est la conséquence de ce que je goûte de mon identité. Je vais réussir à m’engager d’autant plus si j’ai conscience de qui je suis.

La plus grande joie d’un cuisinier est de partager, de comprendre comment les personnes ont apprécié ses plats. On le voit d’ailleurs quand, après avoir cuisiné, il revient en salle pour découvrir cela. De la même manière, si vous vous reconnaissez des talents créatifs et que vous êtes heureux de créer, vous avez naturellement envie de le partager.

Finalement, ce qui est important pour nous, êtres humains, c’est de partager, d’engager ce que nous goûtons de bon en nous.

La différence entre le bon et le mauvais engagement

X.C. : La question de la finalité, du sens, est première pour nous orienter dans un engagement. Si le sens de mon engagement est d’apporter de la vie à l’autre, on peut alors dire qu’il s’agit d’un bon engagement. Ainsi, un boulanger qui fait du bon pain m’apporte de la vie. Un gang qui dévalise une banque est évidemment dans une logique différente, une logique de mort…

Autre point important : est-ce que je m’investis bien dans mon engagement ? Si je suis boulanger, est-ce que je produis du bon pain ? S’il ne l’est pas, alors mon engagement ne l’est pas non plus.

Lorsque je m’engage, je suis source de vie pour moi-même et pour les autres. Lorsque je me désengage, je vais concrètement vers un chemin de mort.

L’engagement en crise

X.C. : Plus l’engagement disparait, plus nous avons du mal à vivre en société. Les signes de la crise de l’engagement sont multiples :

  • La crise de l’engagement du mariage. Engager sa vie avec une autre personne est un engagement extrêmement fort. On voit que le nombre de mariages a été divisé par deux depuis 1972 et qu’il ne cesse de diminuer.
  • La crise de l’engagement religieux. Il y a une chute libre de la pratique. La religion catholique représente 4,5 % de pratiquants par rapport à la population français. La pratique musulmane – deuxième religion nationale – représente à 2 % de la population.
  • La crise de l’engagement professionnel. Nous sommes dans une société du zapping. Si un job, m’intéresse, je le prends. Dans un mois, 6 mois ou un an, je changerai. Les patrons ont beaucoup de mal à recruter des personnes capables de poursuivre un engagement dans la durée.

Une société sans engagement est une société dans laquelle il n’y a plus de confiance. Ni dans la vie, ni dans les autres. Les relations deviennent alors impossibles ; chacun vit dans sa bulle, sans interaction avec quiconque. Il n’y a plus d’échanges. Une société de désengagement est une société d’isolement qui enferme chaque individu dans sa propre solitude, son angoisse. Or, ce sont les autres qui nous permettent de tenir fermement dans notre identité. L’isolement est la mort de l’homme.

Que faire quand un engagement parait trop lourd ?

X.C. : Le risque majeur lorsqu’on est face à un engagement qui nous parait trop lourd est la solitude. La première chose à faire est d’échanger. C’est la relation qui va me permettre de considérer la difficulté et, dans le meilleur des cas, de la dépasser. Seul, c’est perdu d’avance.

La parole devient un élément majeur ; la parole que je vais donner parce qu’une personne m’écoute et me donne ainsi la possibilité de parler. Le fait de mettre des mots sur la difficulté que je rencontre représente 50 % du travail à fournir pour surmonter la difficulté.

Il faut avoir l’humilité d’accepter d’avoir besoin des autres. La nature humaine est ainsi faite. L’autre va m’aider à prendre de la distance pour discerner le problème. Il va me rassurer sur ma peur, qui est tout à fait normale. Enfin, il va m’aider à identifier une voie que je n’aurais sans doute pas envisagé face à l’obstacle.

Une fois que j’ai pris cette distance – je me suis momentanément dégagé – cela va me permettre de m’engager, mais cette fois dans une perspective ou un chemin plus clair à mes yeux.

S’engager qu’ils disaient !


X.C. : L’engagement, c’est la vie. Avant de le prendre, on peut être stressé, voire angoissé. Mais une fois pris, on est dans la joie, la paix. Il y a une vraie sérénité, profonde, intérieure.

L’engagement est un mouvement extrêmement positif, porteur d’audace et de confiance en soi, en la vie. À l’usage, on se rend compte qu’on est capable de le tenir ; ça donne envie d’aller plus loin.

Cette confiance en la vie, notre civilisation en a besoin. Chacun, par son engagement, va encourager l’autre à oser s’engager. Un bel exemple pour un beau cadeau. Donc… Lançons-nous ! “


Découvrez la vidéo de Xavier Cail sur les talents : OUI : vous avez du talent !

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