Cet article de fond sur l’origine du transhumanisme et ceux qui en sont les influenceurs aujourd’hui a été réalisé par Hélène de Warren, Philippe Holidote et Michel Hugon qui font tous les trois partie de l’alvéole “Très-Humaniste”.
QU’EST-CE QUE LE TRANSHUMANISME ?
Avant de présenter le transhumanisme, il est important de garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’un courant de pensée unifié, mais davantage d’une famille de pensées. Celles-ci partagent un tronc commun tout en présentant de fortes particularités, pour ne pas dire de divergences entre ses membres. Dans ce contexte, donner la définition du transhumanisme n’a guère de sens. Tout au plus est-il possible de fournir une définition suffisamment large, qui permette à tous les transhumanistes de se reconnaître sans pour autant aborder les spécificités de chacun. C’est ce qu’a fait Humanity+ [1], l’association mondiale transhumaniste, dans sa foire aux questions (FAQ) [2] : « le transhumanisme est le mouvement intellectuel et culturel qui affirme la possibilité et la désirabilité d’améliorer radicalement la condition humaine grâce à la raison appliquée, notamment en développant les technologies et en les rendant largement disponibles pour éliminer le vieillissement et améliorer fortement les capacités humaines sur le plan intellectuel, physique et psychologique. »
Le but de cet article est de rappeler brièvement l’histoire du transhumanisme et les principaux acteurs de ce courant de pensée. Puis nous présenterons les idées et conceptions philosophiques des deux théoriciens transhumanistes les plus importants, à savoir Max More et Ray Kurzweil, en nous attelant à l’étude des textes qui présentent l’essentiel de leur pensée : les Principes Extropiens publiés par Max More en 2013 et The Singularity is Near publié par Ray Kurzweil en 2005.
HISTOIRE ET PRINCIPAUX ACTEURS
Le terme transhumanisme apparaît pour la première fois sous la plume de Julian Huxley, premier directeur de l’Unesco dans New Bottles for New Wine (1957). Il définit alors le « transhumain » comme un homme qui se transcende pour donner lieu à une nouvelle espèce humaine plus apte à accomplir sa destinée. Julian Huxley est le frère d’Aldous Huxley, l’auteur du Meilleur des mondes et le petit fils de Thomas Henry Huxley, biologiste connu pour être un collègue et un partisan de Charles Darwin.
Le terme sera ensuite repris par des futurologues de tous horizons et dans les années 1980, Max More fixera la notion dans sa définition actuelle d’un mouvement visant à améliorer l’homme grâce aux progrès techniques et scientifiques.
En 1998, Nick Bostrom fonde avec David Pearce la World Transhumanist Association (WTA) [3], l’Association Transhumaniste Mondiale, qui se fait appeler Humanity + (h+) depuis 2008. Il s’agit d’une Organisation Non Gouvernementale Internationale (ONGI) qui milite pour l’utilisation éthique des « nouvelles technologies » afin de procéder à l’amélioration humaine. Ils soutiennent le développement et la convergence de domaines scientifiques tels que les Nanotechnologies, les Biotechnologies, l’Informatique et les Sciences Cognitives (NBIC) ainsi que l’émergence d’autres champs scientifiques comme la réalité simulée, l’intelligence artificielle forte et le téléchargement de l’esprit. Ils pensent que les humains peuvent et doivent utiliser ces techniques pour devenir des humains augmentés.
En France, la principale association transhumaniste a été fondée officiellement en 2010, même si elle était active sur les réseaux sociaux auparavant. Il s’agit de l’Association Française Transhumaniste Technoprog ! [4]. Dans son logo, on retrouve le h+, de Humanity+. De part le nom de cette association, il est ici question de techno-progressisme, de progrès – de l’homme, bien entendu – par la technologie.
En 2002, la WTA modifie et adopte la Déclaration Transhumaniste (The Transhumanist Declaration) et en propose une nouvelle version en 2009 [5]. Cette déclaration pourrait constituer un corpus. Mais, en réalité, ce texte ne fait que poser des questions : les transhumanistes semblent d’accord sur les questions et les objectifs, mais pas sur les moyens pour y parvenir.
Voici les principaux signataires de cette déclaration :
• Anders Sandberg :
• suédois, docteur en neuroscience computationnelle de l’Université de Stockholm.
• chercheur à l’Institut pour le futur de l’humanité à l’université d’Oxford.
• s’intéresse à l’amélioration cognitive et plus récemment à l’intelligence collective.
• Max More (né Max T.0’Connor) :
• anglais, diplômé en philosophie, politique et économie au Collège Ste Anne de l’Université d’Oxford.
• thèse à l’Université de Californie du Sud sur The diachrony self : Identity, Continuity and Transformation.
• fondateur de l’Institut Extropy.
• est connu pour sa philosophie de l’extropianisme . S’est intéressé à la nature de la mort et à la nature de chaque individu qui demeure malgré un changement permanent.
• Natacha Vita More (femme de Max More, née Nancie Clark) :
• designer américaine.
• thèse sur l’amélioration humaine et la prolongation radicale de la vie à l’Université de Plymouth.
• présidente de l’association Humanity +.
• partisane de la liberté morphologique et de l’amélioration de la biologie humaine.
• David Pearce :
• philosophe anglais.
• connu pour sa théorie de l’impératif hédoniste : éradiquer la souffrance dans toute vie sensible grâce à l’ingénierie de paradis
• Nick Bostrom :
• philosophe suédois.
• nommé directeur du nouvel institut pour le futur de l’humanité de l’université d’Oxford.
• a fondé avec James Hughes l’Institut d’éthique pour les technologies émergentes en 2004.
• connu pour son approche du principe anthropique selon lequel l’univers est nécessairement compatible avec l’existence des êtres sapiens tels que l’humain (anthropos en grec), puisqu’ils existent.
• s’intéresse au clonage, à l’intelligence artificielle, au téléchargement de l’esprit, à la cryonie , aux nanotechnologies, à la réalité simulée, au principe d’indépendance du support.
Enfin, il convient de présenter un dernier théoricien du transhumanisme, peut-être le plus audacieux :
• Ray Kurzweil :
• chercheur américain.
• développeur principal du premier logiciel de reconnaissance optique de caractères (en anglais, optical character recognition : OCR), du premier synthétiseur et du premier système de reconnaissance vocale.
• président fondateur de la Fondation Kurzweil soutenant le développement de technologies destinées aux personnes handicapées.
• directeur de l’ingénierie chez Google depuis 2012
DEUX PRINCIPAUX PHILOSOPHES TRANSHUMANISTES ET LEUR PENSÉE
Max More, « Max Plus », pour bien signifier sa vocation, se présente comme le premier philosophe transhumaniste.
C’est à la lecture de Friedrich Nietzche que lui vient l’idée du transhumanisme. Nietzche, dans son prologue de Zarathoustra, écrit :
« Je vous enseigne le surhumain. L’homme n’existe que pour être dépassé. Qu’avez-vous fait pour le dépasser ? Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme ? Qu’est le singe pour l’homme ? Une dérision ou une honte douloureuse. Et c’est ce que doit être l’homme pour le surhomme : une dérision ou une honte douloureuse. Vous avez tracé le chemin qui va du ver jusqu’à l’homme, et il vous est resté beaucoup du ver de terre… . Voici que je vous enseigne le Surhomme ! Le Surhomme est le sens de la terre. Que votre volonté dise : que le surhomme soit le sens de la terre. »
Mais quel est le surhumain de Nietzche ? La réponse est dans le Gai Savoir (1882) : il annonce la mort de Dieu ou plutôt que la croyance en Dieu commence à disparaître. Mais alors que Dieu est mort, on continue d’agiter son ombre (cf le Mythe de la Caverne de Platon, qui met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l’entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d’objets au loin derrière eux). Le surhomme est celui qui est capable de vivre sans les ombres de Dieu. Et les ombres de Dieu sont pour Nietzche la vérité, l’ordre dans le monde, la beauté, les lois de la nature, la sagesse, l’intelligibilité des choses, car tout cela implique l’existence de Dieu. Il faut que ces ombres cessent de nous obscurcir. Il faut retrouver la nature pure, innocente. Redevenir nature. Pour Nietzche, ce sera par l’art. Pour Max More, ce sera par la technique.
L’essentiel de la pensée de Max More est exprimée dans les principes extropiens :
Voici ce que nous pouvons retenir de la lecture de ces principes :
• L’humanité est une phase de transition entre la condition animale et un état posthumain :
« Nous voyons l’humanité comme une phase de transition dans le développement évolutionnaire de l’intelligence. »
En cela, Max More rejoint tout à fait Nietzche et Darwin. Il s’agit non seulement d’augmenter les capacités de l’homme, mais aussi de changer la nature humaine. Les extropiens contestent les affirmations traditionnelles selon lesquelles nous devrions conserver la nature humaine inchangée, de façon à nous conformer à la « volonté de Dieu » ou à ce qui est considéré comme « naturel »… . Ils mettent en question les contraintes traditionnelles d’ordre biologique, génétique et intellectuel, pesant sur notre progrès et notre potentiel.
• Une vision responsabilisante et positive :
« Les extropiens embrassent une attitude positive, dynamique, et de contrôle de leur vie. » Cet optimisme pratique, Max More le veut à la fois réaliste et actif : « Nous prenons notre responsabilité personnelle en prenant les choses en main et en créant les conditions de succès… . Cela signifie refuser de se lamenter sur ce qu’on ne peut pas éviter, apprendre de ses erreurs plutôt que de s’attarder sur elles en faisant de soi une victime, en se punissant, ou en se culpabilisant. Nous préférons être pour plutôt que contre, créer des solutions plutôt que de nous plaindre de ce qui existe. Notre optimisme est aussi un réalisme dans le sens où nous prenons le monde tel qu’il est et nous ne nous plaignons pas que la vie n’est pas juste. »
C’est une critique de la foi passive, parce que celle-ci promet un avenir meilleur comme un don que nous feraient des forces supérieures et engendre l’inaction.
• Caractère nécessaire et bénéfique de la science et de la technologie :
« La technologie est l’extension naturelle et l’expression de la volonté et de l’intellect humains, de la créativité, de la curiosité et de l’imagination. Nous prévoyons et encourageons le développement d’une technologie toujours plus flexible, intelligente, et réactive. Nous coévoluerons avec les produits de nos esprits, nous intégrant avec eux, intégrant finalement notre technologie intelligente en nous-mêmes dans une synthèse posthumaine, amplifiant nos capacités et étendant notre liberté. »
La technologie est vue non comme une fin en soi, mais comme un moyen d’améliorer la vie, de transcender les limites naturelles de nos déterminations biologiques et culturelles.
• Refus de toute autorité quelle qu’elle soit (politique, religieuse ou personnelle) et défense de la liberté individuelle :
« Nous nous opposons aux « autorités » autoproclamées et imposées par la force, et nous sommes sceptiques face aux solutions politiques coercitives, face à l’obéissance aveugle aux dirigeants, et face aux hiérarchies inflexibles qui étouffent l’initiative et l’intelligence. » Max More insiste tout au long de son exposé des principes extropiens sur son rejet formel de tout contrôle et de toute politique coercitive et sur la nécessité de préserver la liberté individuelle. Nous pouvons nous interroger sur cette obstination à revenir sans cesse sur la défense d’un individualisme sans contraintes. D’après Emmanuel Brochier, la raison en est que Max More ne souhaite pas être assimilé à Hitler. En effet, on peut lire dans Hitler m’a dit (1939) de Herman Rauschning : « Le national-socialisme est plus qu’une religion, c’est la volonté de créer le surhomme ». Le programme de Max More est donc le même que celui d’Hitler. La différence tient dans la méthode : avec Hitler, il doit se réaliser par la coercition, tandis que pour Max More il adviendra librement.
Dans le domaine de la pensée, on retrouve le même rejet de toute autorité : l’extropisme n’accepte aucune pensée dogmatique, qu’elle estime nuire à l’affirmation de la raison, l’investigation critique et l’indépendance intellectuelle. Ils préfèrent « la raison à la foi aveugle et le questionnement au dogme ». D’ailleurs, eux-mêmes ne chercheront pas à imposer leurs idées, mais ne tacheront d’améliorer le monde qu’en offrant un exemple et en communiquant des idées.
• En conclusion, nous pouvons remarquer que la philosophie de Max More s’enracine, comme il le reconnaît lui-même, dans l’humanisme de la renaissance : « comme les humanistes, les transhumanistes privilégient la raison, le progrès et les valeurs centrées sur notre bien-être plutôt que sur une autorité religieuse externe… Comme les humanistes, nous affirmons une vision responsabilisante (qui nous « met aux commandes ») et rationnelle de la vie, en tâchant d’éviter des croyances dogmatiques de quelque type que ce soit. » Mais le transhumanisme va au-delà de l’humanisme en mettant en question les limites humaines par le moyen de la science et de la technologie. C’est en fait un humanisme relu à la lumière de la théorie de l’évolution de Darwin pour qui l’homme n’est qu’un fait d’évolution ce qui signifie d’une part qu’il est une phase de transition vers une condition transhumaine ou posthumaine et d’autre part qu’il n’est rien d’autre que le résultat d’un processus naturel ; tout en lui est issu de la matière (vision matérialiste).
Ray Kurzweil
Parmi les scénarios conduisant à des conditions humaines augmentées (cf La Déclaration transhumaniste de 2009 – Art. 1 et 2), le plus audacieux est sans doute celui de Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google depuis 2012. Il nous est proposé dans The Singularity is Near (2005) où Ray Kurzweil entreprend de raconter « l’histoire de la destinée de la civilisation des humains et des machines », une destinée devant passer par une singularité. Qu’est-ce que cela signifie ?
• Le terme de singularité est une métaphore attribuée à John von Neumann, un grand théoricien de l’information qui aurait remarqué que l’accélération incessante du progrès technologique donne l’apparence d’approcher d’une singularité essentielle dans l’histoire, au-delà de laquelle les affaires humaines ne pourront plus continuer telles que nous les avons connues. Ce concept de singularité est, en fait, emprunté aux mathématiques et à l’astrophysique :
• En son usage mathématique, la singularité renvoie à une valeur impossible à définir, une valeur qui transcende toute limitation finie comme dans le cas de la fonction y=1 /x ; en effet, plus x s’approche de 0, plus y s’approche de l’infini sans jamais l’atteindre. On retrouve cette idée d’infini impossible à définir et transcendant, dépassant toute limitation finie dans la singularité technologique de Kurzweil, mais la différence est qu’elle n’est pas pensée comme quelque chose d’inatteignable ou d’utopique. L’humanité y tend, l’atteindra, son histoire devant même se poursuivre après.
• En astrophysique, la singularité fait référence aux différents cas où les lois physiques ne fonctionnent plus. Dans le cas, par exemple d’un trou noir, la force gravitationnelle prenant en son centre une valeur infinie, tout ce qui gravite à proximité est attiré sans échappatoire possible, y compris la lumière (les lois de la gravitation n’existent plus). De même, la singularité technologique de Kurzweil se manifeste par une accélération du rythme de l’évolution technologique qui conduit à des transformations irréversibles de la vie humaine. De même que les photons disparaissent lorsqu’ils franchissent ce que les physiciens appellent l’horizon des évènements, de même les concepts sur lesquels nous nous appuyons pour donner sens à notre vie devraient être transformés à l’approche de cette singularité que Kurzweil croit imminente.
« Alors qu’approche la singularité, nous aurons à repenser nos idées sur la nature de la vie humaine. » Cette transformation qui doit se produire au moment de la singularité ne sera pas une simple étape dans l’évolution biologique, mais un dépassement de celle-ci. Elle constituera, en fait, même la fin de l’évolution biologique : « Nous renversons totalement l’évolution biologique »
• Le corps humain ne serait plus alors le résultat de l’évolution biologique, mais le produit de l’évolution technologique.
Prenons l’exemple de l’alimentation : pourquoi ne pas la soustraire de sa fonction biologique ? On sait déjà aider quelqu’un à survivre, lorsqu’il ne peut plus se nourrir, par voie intraveineuse. On pourrait aussi utiliser une voie biochimique qui pourrait aider à réguler l’absorption des calories, et pourquoi pas également la possibilité de construire des nano-robots afin d’extraire de façon intelligente dans le système digestif et dans le sang les nutriments dont le corps a besoin (il existe des programmes de recherche dans ce sens, qui pourraient aboutir dans les années 2020). Kurzweil est convaincu que nous pourrions même faire un pas de plus en éliminant les organes devenus peu à peu inutiles : l’estomac, le foie, le pancréas, le cœur, les poumons, les globules rouges et blanc…jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le squelette, la peau, les organes sexuels, la bouche et le cerveau. « Et même ces derniers pourraient être également remplacés », prévenait Kurzweil en 2005 au moment de la publication de The Singularity is Near.
Selon le grand récit transhumaniste de Kurzweil, la frontière entre le vivant et la machine est destinée à disparaître. Le corps humain dans sa version 3.0 pourrait être changé à volonté. Grâce aux nanotechnologies, on saura transformer notre corps physiquement pour lui donner l’apparence souhaitée, mais aussi virtuellement (on pourra apparaitre simultanément avec un corps différent à plusieurs personnes et vivre des voyages immobiles, visiter des musées, des lieux créés de toutes pièces, sans jamais quitter son fauteuil).
• On peut se demander alors ce qui nous restera d’humain ! Mais cette question en appelle une autre : il faut avant tout se demander : qui suis-je ?
R. Kurzweil répond à cette question en introduisant la notion de pattern : « Je suis donc complètement l’ensemble de trucs que j’étais il y a un mois, et tout ce qui persiste est le pattern (modèle, motif) de l’organisation de ce truc. Le pattern change aussi, mais lentement et dans un continuum. »
Ainsi, même si le corps humain se renouvelle biologiquement chaque semaine ou chaque mois, l’être humain demeure le même. Il n’a donc aucune raison de perdre son identité, si chacune des parties de son corps est artificiellement remplacée à l’identique ou améliorée. Quelque chose demeure et persiste : le pattern. Par pattern, Kurzweil entend la structure la plus profonde de la réalité qui ordonne l’information. Il est ce dont la fonction est de connaître, c’est-à-dire de sélectionner des informations pour créer des connaissances, lesquelles ne sont que des réponses aux problèmes qui se posent.
• Le sens de notre vie consiste dans l’augmentation et le perfectionnement de notre connaissance.
Nous sommes incapables de prendre la mesure de cette augmentation. En effet, nous avons pu produire l’intelligence artificielle et celle-ci ne tardera pas à égaler notre intelligence biologique, le jour où elle aura réussi le test de Turing . Et plus encore, Kurzweil est persuadé que l’intelligence artificielle, à laquelle notre cerveau finira par être connecté, deviendra des milliards de fois plus performante que notre intelligence biologique, notamment en vitesse de calcul. Mais il ne s’arrête pas là :
« L’intelligence continuera de s’étendre sur la Terre et au-delà de façon exponentielle jusqu’à ce que nous ayons atteint les limites de la matière et de l’énergie permettant de supporter le calcul intelligent. Dès que nous aurons atteint ce qui limite notre région au sein de notre galaxie, l’intelligence de notre civilisation s’étendra plus loin dans le reste de l’univers, atteignant rapidement la plus grande vitesse possible. »
Tous les objets de l’univers seront connectés entre eux, et la matière actuellement « stupide » sera transformée en des formes parfaitement sublimes d’intelligence.
• Le but de l’univers est le même que celui de l’homme et il réside dans l’accroissement de la connaissance. Il réintroduit donc la notion de finalité dans l’interprétation du monde rompant ainsi avec le discours technoscientifique ambiant qui rejetait depuis Jacques Monod « toute interprétation des phénomènes naturels en termes de cause finale de la nature ». C’est pourquoi nous pouvons parler d’un nouveau grand récit de l’humanité.
CONCLUSION
Le transhumanisme est le mouvement intellectuel et culturel qui considère qu’il est possible et bon pour l’humanité que les humains deviennent des hommes augmentés, notamment en développant et en faisant converger des domaines scientifiques tels que les Nanotechnologies, les Biotechnologies, l’Informatique et les Sciences Cognitives (NBIC).
L’examen des idées et des conceptions philosophiques des deux principaux théoriciens transhumanistes, Max More et Ray Kurzweil, montrent qu’elles diffèrent sur certains points. Pour Max More, le transhumanisme va au-delà de l’humanisme en mettant en question les limites humaines par le moyen de la science et de la technologie, l’homme n’étant qu’une phase de transition vers une condition transhumaine ou posthumaine. D’autre part, Kurzweil considère que l’histoire de la destinée de la civilisation des humains et des machines doit passer par une singularité se manifestant par une accélération du rythme de l’évolution technologique au-delà de laquelle le corps humain ne sera plus le résultat de l’évolution biologique, mais le produit de l’évolution technologique. Le sens de la vie humaine consistera alors à augmenter et à perfectionner sa connaissance.
Les recherches sur le transhumanisme sont largement subventionnées par le GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui ont de très gros moyens financiers. De plus, les GAFA sont des supporters très actifs du transhumanisme et n’hésitent pas à embaucher ses principaux théoriciens à des postes importants. C’est la raison pour laquelle il est pertinent d’explorer les technologies développées dans le cadre du transhumanisme pour donner des critères de discernement quant à leur usage et à leur impact sur l’homme et l’environnement.
Références
[1] Humanity+ (en) l’association transhumaniste mondiale ;
[2] transhumanist FAQ de Humanity+ (article – 24534 mots – en) une série de questions réponses pour mieux comprendre le point de vue des transhumanistes ;
[3] World Transhumanist Association (en) l’ancêtre de Humanity+ ;
[4] AFT Technoprog! (fr) l’Association Française Transhumaniste Technoprog! ;
[5] Déclaration transhumaniste de 2009 : humanityplus.org/philosophy/transhumanist-declaration/.