Il existe une multitude de plantes sauvages parfaitement consommables. Quelques formations et rapidement, il vous devient possible de les reconnaître. Caroline Martin dévoile ci-dessous la typha – ou quenouille – typique des bords des eaux calmes, des fossés, des lacs…
À propos de l’auteur
Fille de paysans solognots, Caroline Martin grandit avec le goût des légumes qui ont pris le temps de pousser au potager familial. Après 20 ans en Grande-Bretagne, l’envie de vivre différemment, près de la nature, la ramène dans sa région natale. Elle s’y installe avec son mari et décide de prendre le contrôle de son alimentation en faisant un jardin potager. Depuis septembre 2022, elle propose régulièrement des conseils et des réflexions de saison pour diffuser les bonnes pratiques de jardinage sur le site du Courant pour une écologie humaine.
Les plantes sauvages comestibles : un moyen de créer du lien !
Caroline Martin : “Apprendre à reconnaître les plantes sauvages peut évidemment se faire par une formation. Mais il est également possible d’en savoir plus grâce à la famille, aux voisins et amis ; voilà une excellente occasion d’échanger entre générations, trouver des activités communes et un terrain d’entente !
Nous sommes nombreux à avoir eu la chance de ramasser mûres ou champignons avec un parent ou un grand-parent ; de mon côté, j’ai appris à reconnaître beaucoup de plantes sauvages grâce à ma mère, agricultrice, qui les cueillait principalement pour nourrir ses lapins.
Étant curieuse de nature, j’ai découvert au fil du temps que je pouvais aussi consommer ces plantes et les utiliser
en infusion, voire même pour soigner des bobos.
En termes de goût – se nourrir est et doit rester un plaisir ! – certaines plantes sont particulièrement bonnes au palais – mais ça n’est pas le cas de toutes ; d’autres n’ont rien de spécial à offrir en ce domaine.
Focus sur la typha
L’année dernière, je me suis attaquée à une catégorie de plantes qui poussent dans ma mare : les typhas latifolia (de la famille des typhacées), plus connues sous le nom de “roseaux des marais”. Peut-être connaissez-vous ces plantes sous d’autres noms ? On les appelle aussi massettes ou quenouilles (au Canada).
La typha est une plante à rhizomes qui adore vivre dans les endroits humides – étangs ou marécages. C’est une peste qui prend beaucoup de place si on la laisse faire, sachant que chaque pied peut faire jusqu’à 2m50 de haut.
Cette plante a de nombreux usages : faire du papier, du textile et de la vannerie ; elle fut employée de cette manière durant longtemps, dans beaucoup de pays. Elle est encore parfois utilisée pour couvrir la toiture des habitations dans certains pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud ; on peut aussi s’en servir comme isolant, en lieu et place de la fibre de verre.
Et ce n’est pas tout ! Les jardiniers peuvent l’utiliser comme paillis ; riche en azote, c’est un très bon apport pour un jardin biologique. Elle est aussi utilisable comme fourrage pour les animaux tels que les chevaux. Et puisqu’elle peut être mangée par des animaux, il n’est alors pas surprenant de découvrir qu’elle est également consommable par les humains !
Quand la typha agrémente l’assiette
Tant le cœur de la partie immergée de la plante que les jeunes pousses peuvent se consommer crus ou cuits. Ces parties peuvent être mangées au printemps et font d’excellentes salades.
On m’a dit que le goût était similaire à celui des poireaux – il est vrai qu’une fois préparé, la typha ressemble à des blancs de poireaux – mais en réalité, le goût se rapproche bien plus du concombre.
J’ai essayé de les cuisiner de différentes manières, pour les rendre plus savoureux, mais la salade est ce qui leur convient le mieux, à mon sens.
Il est également possible de faire de la farine avec les rhizomes, riches en amidon. Pour ce faire, il est préférable de les récolter en automne, une fois que les plantes ont fini de pousser.
Bienfaits de la typha et points d’attention
En faisant des recherches plus approfondies sur la typha, j’ai découvert beaucoup d’informations sur ses qualités nutritionnelles.
Il semblerait que son potentiel – au niveau alimentaire – ne soit pas négligeable surtout pour une plante invasive qui peut pousser dans des endroits où l’on ne peut pas faire pousser de blé. Je tiens absolument à essayer d’en faire de la farine : peut-être est-ce délicieux sous forme de gâteaux ?
Attention à deux choses importantes concernant ce roseau des étangs : c’est une plante filtrante qui récolte les polluants. Il faut donc être sûr de la cueillir dans un endroit qui n’est pas pollué.
Par ailleurs, tant que celles-ci ne sont pas en fleurs, il ne faut pas la confondre avec les iris des marais qui possèdent des feuilles légèrement similaires !”
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